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Patrimoine agricole du Salon de l'agriculture et de la montagne

Article tiré de L’Indépendant Savoyard du 17 septembre 1848.

Foire de Septembre à Bourg Saint Maurice, une institution

Cette foire, une des plus importante de ce beau chef-lieu de canton, a été favorisée par un temps splendide et réellement agréable si la sécheresse qu’il provoque ne devenait pas très préjudiciable à toutes les branches de l’agriculture. Aussi, bien que la quantité d’animaux de l’espèce bovine qui en constituent presque tout l’élément, n’ait pas dépassé la moyenne habituelle des dix années antérieures, leurs ventes, par suite du petit nombre d’acheteurs étrangers, ont été généralement difficiles, surtout pour les mâles hongrés et les femelles de qualité inférieure : les prix ont dû subir une baisse qui a atteint presque 30%.

Des sociétés d’élevage de l’Ardèche, des Hautes-Alpes et de l’Isère sont bien venues s’y pourvoir des reproducteurs de premier choix et les ont encore payés à des prix bien satisfaisants pour les vendeurs. Ainsi les taureaux de 18 à 22 mois ont été vendus de 280 à 360 Fr ; les taurillons de 8 à 10 mois, de 200 à 300 Fr ; les jeunes vaches et les génisses pleines et à prochain vélage, de 300 à 400 Fr ; les génissons de 150 à 220 Fr ; enfin nos grasses laitières déjà un peu âgées, vendues aux laitiers du Midi, ont atteint les prix moyens de 280 à 360 Fr. Nous avons aussi appris que quelques jeunes vaches, de qualité supérieures, ont trouvé acquéreurs à 500 Fr. et au-dessus, mais ce sont des exceptions maximum.

Pour les autres catégories des bovidés exposés en vente nous avons le regret de déclarer qu’un grand nombre n’a pas même donné lieu à quelque marchandage ; les acheteurs habituels manquaient et les peu nombreux qui s’étaient rendus à la foire prétendaient ne pouvoir acheter par suite de la sécheresse qui anéantissait toutes leurs dernières récoltes fourragères et autres.

De là, malgré tous les signes d’une vigoureuse santé, d’un embonpoint florissant et, conséquemment, d’un brillant aspect extérieur, beaucoup de ces animaux n’ont pas changé de propriétaires. Les jeunes bœufs et quelques vaches sont partis le soir pour la foire de Moûtiers, les autres ont dû rentrer dans les pâturages.

En dehors du pré de foire, sur sa principale avenue, étaient aussi exposés en vente un petit nombre de porcs amenés par leurs marchands habituels des arrondissements et départements voisins. Nos faibles récoltes des denrées destinées à l’engraissement de ces animaux ont occasionné une restriction dans leurs ventes et une baisse dans leurs prix.

Enfin, dans quelques coins retirés et isolés, nous avons constaté quelques petits troupeaux de moutons tondus mais très gras et qui, comme partout ont été activement enlevés par nos bouchers, aux mêmes prix surélevés établis précédemment pour leurs congénères.

Avant l’attrait de l’Or Blanc, Bourg Saint Maurice vivait exclusivement de ses terres. Pendant plus de 100 ans, le Pré de Foire sur les hauteurs de Bourg Saint Maurice, revêtait ses couleurs d’automne et accueillait veaux, bœufs, vaches, moutons, porcs… Cette foire traditionnelle était le rendez-vous incontournable pour tous les éleveurs de la région qui venaient se fournir en bêtes qui avaient bien profité en alpage pendant l’été.

Le Salon de l’Agriculture de Montagne, en place depuis 2013, essaie de refaire vivre cet esprit de foire dans le centre-ville du vieux Bourg, dans un esprit de partage, de connaissance et de savoir-faire.

Découvrez sans plus attendre, l’ambiance et la teneur de ce Pré au Foire, véritable institution boraine à travers ce court texte tiré du livre Bourg Saint-Maurice et ses environs / Berceau de la civilisation tarine, aux éditions La Fontaine de Silvé de Brigitte Alzieu et Eveline Alzieu-Martin.

Le Canton de Bourg Saint Maurice était essentiellement autrefois un pays agricole d’élevage bovin.

De grandes foires de bétail se tenaient dans toute la Tarentaise à Aime, Moûtiers et Bourg. Au printemps, elles permettaient de former les troupeaux avant la montée en alpage. En automne, les bêtes, redescendues de la montagne, étaient vendues avant l’hiver.

La foire d’automne de Bourg était une des plus importantes de la région, mais aussi une des plus anciennes. Elle fut autorisée, sur demande des communiers, en 1473 par Yolande de France, femme d’Amédée IX et sœur de Louis XI, alors régente du duché de Savoie. Sa date exacte évoluera dans le temps. Fixée au départ du 10 au 12 septembre, elle se déroulera ensuite en deux temps : du 4 au 5 septembre (ou quelques jours plus tard) avec son « retour » les 27 et 28 du même mois (dite « foire de la Saint Michel »).

Tous les éleveurs du canton, et même des villages environnants, venaient vendre leurs bêtes. La veille, les troupeaux descendaient des alpages et étaient parqués dans les vergers avoisinant le Bourg. C’est à ce moment-là qu’un bon nombre de transactions « officieuses » s’opérait… Le lendemain, le cheptel était admis sur le pré de foire, de la rue de la Chaudanne au pré Saint-Jean.

Au début du siècle, la foire rassemblait 1500 à 2000 têtes de bétail. Pour l’occasion, le bourg est en effervescence. Les hôtels sont complets pendant trois ou quatre jours. Les forains et colporteurs ont envahi les rues car les paysans descendus vendre leurs bêtes achètent avec ce pécule tout ce qu’ils ont besoin pour plusieurs mois : habits, outils et produits manufacturés. On en profite aussi pour aller voir le notaire ou le médecin. Un guide touristique d’après-guerre décrit l’ambiance de ces jours particuliers : « Il faut voir le bourg le 8 septembre ; il faut surtout l’entendre. Ce ne sont que gais carillons de sonnailles, que coup de gong donné par les « reines » des troupeaux. Partout l’on froisse des billets bleus, partout l’on court après des bêtes qui s’échappent, partout l’on appelle et l’on crie »

Si l’on vend quelques cochons, des moutons et des mulets, la « star » incontestée de la foire est la vache tarine. Cette race spécifique de Tarentaise a été révélée au grand public lors du concours régional de Montbrison en 1857… alors que la Savoie n’était pas encore française. Les éleveurs de la région ont fondé un herd-book en 1889 et, à force de sélection, obtenue la tarine actuelle avec toutes ses caractéristiques. Ces magnifiques bêtes au « pied alpin » ont de remarquables qualités d’endurance et de sobriété recherchées pour l’exportation. Il est à remarquer également qu’il y a peu de provinces aujourd’hui où les animaux soient aussi bien soignés, étrillés, peignées et lavés régulièrement…

Jusque dans les années 50, les acheteurs venaient de toute la Savoie et du Dauphiné, mais aussi de Bourgogne, d’Italie ou d’Afrique du Nord. Les maquignons affrétaient des trains complets pour le bétail qu’ils avaient acheté. Les laitières un peu âgées étaient, elles, acheminées vers le Modo pour les laitiers des grandes villes.

Aujourd’hui, la foire a perdu de son importance tant au niveau des transactions de bovins qu’au point de vue du commerce local. Une partie du pré de foire a d’ailleurs disparu avec l’urbanisation galopante ! Les élevages ont diminué en nombre et le négoce du bétail se réalise en toute saison. A la mi-avril, c’est le comice agricole qui récompense « la fine fleur de l’élevage tarin. » Mais les agriculteurs récompensés pour la qualité de leurs bêtes n’apposent plus, comme autrefois, avec fierté les plaques de prix sur leur maison…

Pour en savoir encore davantage…